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Quelles relations entre l'Etat Français et l'Eglise Catholique en 2018 ?

Mikael Corre et Gauthier Vaillant , le 09/04/2018 à 22h48 Mis à jour le 09/04/2018 à 23h05
S’exprimant devant les catholiques lors d’une soirée inédite lundi 9 avril au Collège des Bernardins, à Paris, Emmanuel Macron a tenté de répondre à leurs inquiétudes, en particulier sur la bioéthique et l’accueil des migrants.
« Notre but n’est pas de chercher à satisfaire des intérêts particuliers. » Lundi 9 avril, sous les voûtes gothiques du Collège des Bernardins, à Paris, l’Église catholique s’adressait au chef de l’État par la voix de Mgr Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France.
Au cours d’une soirée inédite – c’était la première fois que la CEF invitait solennellement le chef de l’État – en présence de 400 invités, l’archevêque de Marseille a proposé à Emmanuel Macron cette priorité : « Améliorer le sort des plus fragiles, des plus pauvres des plus vulnérables. »
S’engager en politique
Dans un discours fleuve de plus d’une heure, aux accents volontiers lyriques, Emmanuel Macron lui a répondu en appelant les catholiques à s’engager davantage en politique. « Votre foi est une part d’engagement dont notre pays a besoin » a-t-il déclaré.
Lundi soir, le chef de l’État a demandé beaucoup à l’Église : être « intempestive », « questionnante », « un repère », « savoir dire ce qui fâche »… « J’ai entendu les inquiétudes montant du monde catholique », a affirmé Emmanuel Macron.
Quelques minutes plus tôt en effet, Mgr Pontier l’avait longuement interpellé au sujet de la bioéthique, s’inquiétant des appels insistants à « légiférer encore » : « Est-ce bien raisonnable ? » Mgr Pontier a insisté sur la question de la fin de vie, sur laquelle un rapport du Conseil économique social et environnemental (Cese) est attendu aujourd’hui. « Peut-on qualifier de dernier soin l’acte de se donner la mort ? a-t-il interrogé. Il y a des limites et des confusions que l’on ne saurait franchir. »
« Il faut trouver la limite », lui a répondu le chef de l’État, assurant qu’il n’y avait pas sur ces sujets « un agenda caché » de l’Élysée et que les résultats des états généraux de la bioéthique, dont la phase de consultation se clôturera fin avril, étaient encore ouverts.
Toutefois, le chef de l’État a tenu à rappeler que « la voix de l’Église (…) ne peut être injonctive » : « Elle ne peut être que questionnante. » Ce faisant, il a semblé préparer les catholiques à ce que certaines de leurs aspirations soient déçues.
Accueil des migrants
Concernant l’accueil des migrants, autre sujet sensible, Mgr Georges Pontier s’est fait le porte-voix des inquiétudes exprimées depuis l’hiver dernier par certaines associations catholiques. « Trop de replis sur soi ou de peurs entretenus empêchent l’élaboration de projets solidaires accueillants et raisonnables » a-t-il déploré.
Comme il l’avait fait en janvier dernier lors de son déplacement à Calais, Emmanuel Macron a appelé à « la conciliation du droit et de l’humanité » et a assuré prendre exemple sur le pape François, qui « a donné un nom à cet équilibre, il l’a appelé “prudence”, faisant de cette vertu aristotélicienne celle du gouvernant, confronté bien sûr à la nécessité humaine d’accueillir mais également à celle politique et juridique d’héberger et d’intégrer. C’est le cap de cet humanisme réaliste que j’ai fixé. »
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