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Les chrétiens d’Orient, une affaire politique

Chercheur, écrivain et journaliste, auteur d’une thèse en sciences politiques sur Le Liban et son voisinage (1943-1984), Annie Laurent a déjà publié de nombreux ouvrages sur l’islam et les chrétiens d’Orient et a participé en qualité d’experte au Synode spécial des Évêques pour le Moyen-Orient. Dans son dernier ouvrage, elle présente les trois défis qu’affrontent les chrétiens orientaux, à savoir leur difficile unité, leurs rapports avec l’État d’Israël et avec l’islam.
L’auteur ne manque pas de souligner que le « label générique chrétiens d’Orient » recouvre une « réalité compliquée » et dresse l’inventaire des Églises orientales et de leurs spécificités. Afin de comprendre les circonstances ayant conduit à cette multiplicité des Églises, Annie Laurent remonte le temps jusqu’au Ier siècle et revient sur la fondation de l’Église de Jérusalem, les persécutions, l’apparition des premières communautés chrétiennes, les hérésies, les conciles et les schismes.
Elle expose, d’une part, les progrès œcuméniques des Églises orientales, sans omettre d’en démontrer l’insuffisance. Elle précise, d’autre part, que « des progrès substantiels bien qu’inégaux » ont été accomplis par Rome, notamment grâce au Concile Vatican II, dans la compréhension des chrétiens d’Orient et la reconnaissance de la légitimité de leurs Églises.
L’auteur retient « l’exception maronite » : « Parmi les Églises qui se rattachent au patrimoine syriaque d’Antioche, il en existe une qui n’a jamais connu de division en son sein et n’a pas de branche “séparée” d’avec Rome. Il s’agit de l’Église maronite dont la situation est unique dans l’Orient chrétien. »
Annie Laurent nous propose un tour d’horizon de la situation actuelle des chrétiens en Turquie, en Iran, en Jordanie, en Syrie, en Irak, en Palestine, en Égypte et en Israël. « Dans ce Proche-Orient où la pérennité du christianisme semble, à vue humaine, de plus en plus compromise, il reste le Liban, seul État à offrir aux chrétiens (…) les conditions d’une citoyenneté partagée avec les musulmans. Le Liban doit sa particularité à sa vocation ancestrale de “pays-refuge” ». Depuis 2006, le Liban « s’honore d’être le premier pays au monde à avoir institué une fête islamo-chrétienne de l’Annonciation ». En 2010, suite à la rencontre du Premier ministre Saad Hariri avec le pape Jean-Paul II, le gouvernement en a fait un jour férié. La célébration de cette fête se déroule chaque 25 mars au collège jésuite Notre-Dame de Jamhour. Mais l’auteur nous met en garde : « ce pays-message est également un pays-otage » de tous les conflits qui agitent la région, en particulier de ceux qui opposent les sunnites et les chiites, « ce qui maintient les chrétiens dans une précarité existentielle permanente ».
La création de l’État d’Israël a provoqué un « traumatisme d’une extrême gravité », en partie parce qu’elle a eu lieu à une époque où le Proche-Orient n’était pas encore stabilisé et se cherchait, tiraillé entre une laïcisation à l’européenne et le salafisme. L’État d’Israël, « à cause de sa nature confessionnelle, contribue à une “reconfessionnalisation”″ des sociétés orientales, ce qui a des conséquences néfastes pour les chrétiens qui y vivent. »
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