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Le nationalisme Ukrainien débridé aura-t-il raison de l'unité de l'Orthodoxie ?

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Rappel : qui est Antoine Arjakovski


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Le tomos d’autocéphalie vraisemblablement bientôt accordé


Aujourd’hui le patriarche Bartholomée, dont le siège est à Istanbul mais qui continue à se dire de Constantinople en raison de la légitimité historique de sa chaire, accomplit un pas de plus. Selon toute vraisemblance le saint synode du Patriarcat de Constantinople va accorder le tomos d’autocéphalie à l’Église du Patriarcat de Kiev.

Cette Église, conduite depuis 1992 par le patriarche Philarète (Denyssenko), n’était jusqu’à présent reconnue par aucune Église orthodoxe dans le monde car Moscou s’y opposait catégoriquement. En effet depuis 1688 le Patriarcat de Moscou a créé une Église orthodoxe ukrainienne relevant directement de sa juridiction.


Rétablissement de la vérité historique


La décision du patriarche Bartholomée est sage pour 3 raisons principales. D’une part, contre le discours mythologique propagé en Russie, le patriarche byzantin rétablit la vérité historique en rappelant que l’Église de Moscou, qui ne date que de 1588, est fille du siège de Kiev et non pas l’inverse.

Ceci a bien entendu des conséquences politiques. En effet si Moscou a reçu son baptême depuis la conversion du prince Volodimir à Chersonnèse en Crimée en 988, cet événement a été médiatisé par l’Église de Kiev. L’annexion de la Crimée par la Russie, contre laquelle le patriarche Kirill n’a pas protesté, correspond en fait à la suppression de l’identité de l’Église de Kiev, ce que ne peut accepter le patriarche de Constantinople.

D’autre part ce dernier accorde à l’Église orthodoxe de Kiev une reconnaissance de maturité que celle-ci attend depuis au moins un siècle. Or, malgré la marginalisation dont elle a fait l’objet, cette Église a maintenu une vie ecclésiale très dynamique. En particulier celle-ci est en dialogue constant avec les Églises catholiques et protestantes en Ukraine. Tandis que le Patriarcat de Moscou en Ukraine, notamment à la laure de Potchaiev en Volhynie, est réputé pour son attitude très intransigeante à l’égard des « hérétiques occidentaux ».

Enfin Constantinople, après l’affront de la non-venue de l’Église russe au concile panorthodoxe de Kolymbari en 2016, réaffirme son leadership vis-à-vis de Moscou en lui rappelant que jusqu’à présent c’est toujours Constantinople qui a accordé le statut d’autocéphalie aux Églises locales (comme pour l’Église de Serbie ou de Roumanie).


Une rupture probable de communion entre Moscou et Constantinople


Il paraît évident, au vu des déclarations du métropolite russe Hilarion (Alfeyev), mais aussi de la forte activité du Kremlin sur ce front (qui a conduit à l’expulsion récente de 2 diplomates russes par la Grèce et à une rencontre entre le président Poutine et le patriarche Kirill le 11 juillet en plein mondial de football) que cette décision va provoquer une rupture de communion entre Moscou et Constantinople.

Elle va également conduire chaque Église orthodoxe (mais aussi catholique, protestante et anglicane) à devoir choisir son camp. Il y a toutes les chances pour que la décision de Constantinople soit reçue favorablement par la plupart d’entre elles. Il est certain aussi qu’en Ukraine cette décision va conduire de nombreux fidèles orthodoxes, autrefois réticents à appartenir à une Église non canonique, à se tourner vers le Patriarcat de Kiev.

Nul doute également que le président Porochenko, qui s’est fortement investi dans cette affaire, entraînant avec lui la grande majorité des députés de la Rada, va bénéficier d’un gain important de popularité. Mais pour soigner ce schisme, nouvelle blessure dans les relations entre la Russie et le reste du monde, il faudra passer d’une logique étroitement politique et confessionnelle à une vision œcuménique et tournée vers le bien commun.


Lire l'intégralité de l'article d'Antoine Arjakovsky ici : https://www.la-croix.com/Debats/Forum-et-debats/reconnaissance-lEglise-Kiev-Constantinople-decision-sage-2018-08-07-1200960401

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