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Le métropolite Hilarion : l’hérésie est un écart dangereux à la pureté de la doctrine orthodoxe

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E. Gratcheva : Bonjour ! Ici l’émission « L’Eglise et le monde ». Nous nous entretenons avec le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, sur l’actualité de l’Eglise et du monde. Monseigneur, bonjour. Le métropolite Hilarion : Bonjour, Ekaterina. Bonjour, chers frères et sœurs !

E. Gratcheva : Monseigneur, une parcelle des reliques de saint Spiridon, amenée de l’île de Corfou, est actuellement en Russie. Naturellement, beaucoup de Russes désirent la vénérer. Quelle est l’importance de ce saint, un agriculteur devenu évêque ? Pourquoi est-il tant vénéré ? Que pensez-vous de ces affirmations répandues par les médias laïcs, et même par certains sites orthodoxes, comme quoi il faudrait prier saint Spiridon pour résoudre ses problèmes de logement, ses problèmes d’emploi ? Que pensez-vous de cette façon de répartir la « sphère d’influence » des saints, d’après laquelle il faudrait prier sainte Matrone de Moscou ou sainte Xénie de Saint-Pétersbourg pour la famille, etc ? Le métropolite Hilarion : Je tiens d’abord à préciser qui était saint Spiridon. Il vécut au IVe siècle, c’était un homme du peuple, doté d’une foi extrêmement profonde. A son époque, on discutait beaucoup de la Sainte Trinité, on se demandait comment cela pouvait-il être qu’un seul Dieu existât en trois personnes, le Père, le Fils et le Saint Esprit. La légende rapporte que saint Spiridon prit une brique, la serra dans ses mains : de la brique jaillit de l’eau vers le sol, une flamme vers le ciel, tandis que la glaise lui resta dans les mains. Il n’y a qu’une seule brique, expliqua alors saint Spiridon, mais elle se compose de trois éléments : le feu, l’eau et la glaise ; de la même façon le Dieu unique existe en trois Personnes. L’expérience de multiples croyants montre que saint Spiridon, comme saint Nicolas de Myre en Lycie, son contemporain, exauce très rapidement les prières et les demandes. En Grèce, c’est l’un des saints les plus populaires. Il y est même peut-être plus vénéré que saint Nicolas. En Russie, dans la Rus’ ancienne, il était bien connu, même si la dévotion à saint Nicolas y était beaucoup plus répandue. En ce qui concerne la répartition des saints en « sphères d’influence » d’après leur « spécialisation », certains en rient, mais ce n’est pas si infondé qu’il paraît, car cela ressort généralement de l’expérience des fidèles. Quelqu’un a prié un saint, lui adressant telle demande, sans être exaucé. Le saint l’a sans doute entendu, mais sa demande n’a pas été exaucée. Il s’adresse à un autre saint, et sa demande est exaucée. Si la même chose arrive à une, deux, trois, dix, cent personnes, la rumeur se répand : tel saint répond à tel type de demandes. Pour ma part, je sais d’après l’expérience de nombreuses personnes que saint Nicolas protège les voyageurs. Cela est confirmé par des dizaines, des centaines, des milliers de témoignages. Quant à saint Spiridon, c’est la même chose. Ce n’est pas pour rien qu’un saint acquiert une certaine réputation. Par contre, quand on publie des listes où l’on détaille quel saint prier dans quel cas, quel saint aide en cas de mal de tête et quel autre fait passer la rage de dents, cela repose, en effet, sur des spéculations. Selon la croyance populaire, il faudrait prier saint Jean-Baptiste quand on a mal à la tête. Sur quoi s’appuie cette croyance ? Sur le fait qu’il a été décapité. Je ne pense pas qu’il faille chercher le salut à son mal de tête en s’appuyant sur ce genre d’associations d’idées. Il faut donc séparer le bon grain de l’ivraie. Il y a, d’une part, l’expérience religieuse, et il y a, d’autre part, des spéculations et des superstitions.

E. Gratcheva : Monseigneur, si j’ai bien compris, pour savoir à quel saint adresser nos demandes, il faut étudier leur vie. Xénie de Saint-Pétersbourg, par exemple, est connue pour sa fidélité à son mari : elle quitta son vêtement féminin et porta le vêtement de son époux défunt. Le métropolite Hilarion : C’est pourquoi beaucoup de gens qui ont des problèmes de famille prient saint Xénie, et sont exaucés. Beaucoup de familles ont été sauvées grâce à son intervention surnaturelle. Nous polémiquons depuis des siècles à ce sujet avec les protestants. Ils disent qu’il ne faut pas prier les saints, que Dieu nous entend directement, sans intermédiaires. Nous ne doutons absolument pas que Dieu nous entende sans intermédiaires. Nous commençons et nous finissons la journée en priant Dieu. Tous nos offices divins sont faits principalement de prières à Dieu. Mais ces prières à Dieu sont entrecoupées de prières à la Sainte Mère de Dieu, aux anges, notamment à l’ange gardien, que chaque chrétien orthodoxe prie quotidiennement. Nous ne prions pas les saints pour qu’ils nous servent d’intermédiaires, ou parce que nous ne pouvons pas nous adresser directement à Dieu et devrions le faire par les saints, mais parce qu’ils nous entendent aussi, parce qu’ils nous aident à leur manière.

E. Gratcheva : A l’église Saint-Elie, près de Podolsk, dans la région de Moscou, il y a eu un office d’intercession pour les animaux pour la Journée mondiale de défense des animaux. Cet office a lieu tous les ans dans cette église, mais cette année des chiens et des chats y ont participé. Que penser de ce type d’offices ? Je sais que certains prêtres ne donnent même pas leur bénédiction à ce que les paroissiens aient chez eux des chiens. Ils disent que le chien, au contraire du chat, est un animal d’extérieur, qui n’a pas sa place à la maison. Le métropolite Hilarion : Je connais l’église dont vous parlez, je connais le recteur, le père Piotr Dynnikov. En dehors de l’organisation de ces offices, il coordonne aussi tout un travail de sauvetage des animaux abandonnés, des chiens et des chats, que ce prêtre recueille dans tous les environs, et qui vivent dans de bons conditions près de l’église. Les paroissiens en prennent soin, les nourissent et les soignent. Quant à l’office que vous avez mentionné, non, ce n’était pas un office d’intercession auquel auraient participé des chiens et des chats. Ce sont des gens qui participaient à l’office, et certains d’entre eux tenaient leurs animaux domestiques dans les bras. C’est la première chose que je tenais à préciser. La seconde partie de votre question concerne les prêtres qui interdiraient d’avoir des animaux domestiques. Je ne sais pas sur quelles bases ces prêtres interdisent d’avoir des animaux domestiques. Certes, à l’origine, le chien n’est pas un animal d’intérieur, mais cela fait des siècles et des millénaires que le chiens est l’ami de l’homme et qu’il est domestiqué. Pour certaines personnes, en particulier les gens seuls, les personnes âgées, les animaux de compagnie, chiens et chats, sont une grande consolation, comme pour les enfants, d’ailleurs. Je me rappelle un chat que j’avais étant enfant. Il s’appelait Aliocha, je l’aimais beaucoup. Et puis des voisins l’ont empoisonné, nous vivions dans un appartement communautaire et le chat entrait souvent à la cuisine. Un voisin l’a empoisonné, le chat est mort dans mes bras. Cela m’a causé un grand chagrin, parce que ce chat faisait partie de la famille. On m’a souvent demandé pourquoi nous l’avions appelé Aliocha, est-ce qu’on peut appeler un chat d’un prénom humain ? Je réponds toujours : « Si le chat peut s’appeler Vaska (nom traditionnel du chat en Russie, n. d. t.), pourquoi pas Aliocha ». Voilà l’histoire de mon chat !

E. Gratcheva : En août, même ceux de nos concitoyens qui étaient en vacances et ne suivaient pas les informations ont compris, d’après la chute du cours du rouble, que quelque chose se passait sur les marchés. C’était la conséquence de la nouvelle série de sanctions prises par les Etats-Unis contre la Russie. En tant que responsable du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, que pensez-vous de l’état des relations entre Moscou et Washington ? Il y a eu des négociations personnelles entre Trump et Poutine, ils semblent même avoir été en bon contact à Helsinki. Que se passe-t-il actuellement ? Où en sont nos rapports ? Avons-nous atteint le fond, ou les relations peuvent-elles encore se dégrader ? Le métropolite Hilarion : Pour beaucoup, cette politique de sanctions dépend moins des relations bilatérales entre la Russie et les Etats-Unis que de la situation politique aux Etats-Unis. Il existe une vive tension entre le président, d’une part, et l’establishment politique d’autre part. Il ne s’agit d’ailleurs pas seulement du Parti démocratique, qui a perdu les dernières élections et qui lutte contre Trump, mais aussi d’un nombre important de sénateurs du Parti républicain. Les promesses de sa campagne électorale d’établir des contacts avec la Russie ont justement causé la vague de rhétorique anti-russe, causé les sanctions anti-russes. Pour une bonne part, me semble-t-il, c’est cette situation politique originale aux Etats-Unis qui est le moteur, la force motrice des sanctions qu’on ne cesse d’introduire contre la Russie. Je me souviens de ma visite aux Etats-Unis, peu après l’élection de Trump. La situation m’avait déjà paru tout à fait anormale, extraordinaire, car les principales chaînes d’information américaines disaient toutes du mal de Trump. On pouvait regarder une émission dans laquelle aucun des experts invités ne défendait Trump. Tous, chacun à sa manière, le critiquaient. Dans un contexte pareil, il est bien difficile au président de parvenir aux objectifs qu’il s’était fixés, notamment à ceux de sa campagne électorale. Il me semble qu’il fait des efforts mais qu’il n’arrive à rien à cause de l’opposition qu’il rencontre. Le revers de la médaille des sanctions, c’est que le fait de ne plus pouvoir importer de nombreux produits de l’étranger stimule la production nationale. J’observe ce qu’on vend dans les magasins, et ni le nombre de produits, ni l’assortiment ne diminuent. Par contre, on trouve de plus en plus de produits faits sur place pour remplacer les produits étrangers. Je trouve cela très positif. Avant les sanctions, un grand nombre de producteurs locaux ne pouvaient percer sur le marché national à cause de la concurrence des produits étrangers. Aujourd’hui, c’est devenu possible.

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