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Homélie de l’archimandrite Elie sur l’incendie de Notre-Dame de Paris

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Mes frères, nous fêtons aujourd’hui le dimanche des « Palmes », que l’on appelle en Occident « des Rameaux ». C’est pareil, bien évidemment. Cette fête nous fait entrer dans le merveilleux cycle de la « Grande Semaine » ou « Semaine sainte », que les fidèles catholiques ont vécu la semaine passée. Pour eux, aujourd’hui, c’est Pâques, la célébration solennelle de la Résurrection que nous atteindrons à notre tour dimanche prochain.


Les circonstances


Nous savons quelle tragédie les a frappés – et nous avec eux car ce drame est pleinement nôtre aussi - en début de semaine, ce lundi 15 avril 2019, avec le spectaculaire et horrible incendie de la cathédrale de Paris, Notre-Dame. Peu de personnes se sont montrées insensibles à ce drame qui touche le cœur de la France et celui de bien des Français, même de ceux qui ne se sentent pas concernés par le culte qui est rendu dans ce Temple depuis neuf siècles et plus, puisque l’actuelle cathédrale gothique avait été construite sur l’emplacement d’une autre église devenue trop petite et qui a été démolie pour se voir remplacée par le chefd’œuvre que nous connaissons ! Notre prière monte vers Dieu à l’adresse de tout ce monde catholique en deuil, souvent éberlué, parfois anesthésié de douleur, mais rarement abattu. À notre prière s’ajoute notre amour sincère à l’égard de tous ceux qui aiment le Christ, et dont l’Église-mère en France est maintenant défigurée, envolée en fumée, même si des promesses généreuses – et pas toujours désintéressées – laissent espérer une reconstruction aussi rapide que possible.


Compassion sincère


Frères catholiques, avec vous nous souffrons, car Français, notre histoire est liée à la vôtre, notre histoire nous est commune et elle passe par Notre-Dame de France, elle s’y concrétise, s’y renouvelle, même si un schisme, plus vieux que la cathédrale brûlée, et plus tragique encore nous sépare, hélas ! En disant cela, je ne veux pas faire croire que nous sommes seulement troublés par la perte d’un immense patrimoine culturel et artistique. Bien sûr, oh combien nous y sommes sensibles aussi ! Oh combien nous constatons aussi avec joie, la référence qu’elle constitue pour des millions de visiteurs chaque année, qui, sans le savoir, côtoient la réalité de la Présence de Celle à laquelle est dédiée la cathédrale, Notre Sainte et Immaculée Souveraine la Mère de Dieu, et de Celui, Jésus-Christ, Dieu-Homme, dont tant de saintes Reliques sont des « révélations », des « épiphanies » régulièrement présentées au regard, à l’amour et à la vénération de ceux qui Le cherchent, même nichées dans le coqgirouette, Reliques qui bénissent au gré de l’orientation des vents la ville et tout le pays du haut de la fameuse flèche, et retrouvé quasi miraculeusement intact dans les décombres calcinés.


Les réactions et commentaires


Que n’entendons nous pas en ces jours d’après le cataclysme de feu, sur ce « patrimoine » artistique universel ! Nous ne le contestons pas, bien évidemment. La nuit même du sinistre, monsieur Mélanchon a fait sur ce sujet un très beau discours, argumenté, digne et émouvant. Il soulignait, à juste titre, comment l’architecture de cette cathédrale témoignait du savoir-faire technique audacieux des maîtres-d’œuvre de l’époque médiévale, du génie des hommes de l’art et de leur constance pour mener à bien une telle œuvre. La mise en application de techniques hardies pour remplacer l’épaisseur des murs par de la lumière, et élever les voûtes le plus haut possible vers la perfection. Il avait raison. D’autres y sont allés aussi de leurs discours émus et compatissants, tant cet accident a touché le cœur de tout homme de cœur ou de goût, bien au-delà des clivages de culture, de foi ou d’appartenance religieuse.

À combien de personnes l’émotion n’a-t-elle pas tiré de larmes sincères, visibles ou intérieures, qu’il serait indécent de moquer ? La peine, le chagrin étaient visible sur de nombreux visages, de tous âges et de toutes origines. Nous sommes heureux de constater l’élan de solidarité mondial dans le but de restaurer, autant que faire se peut, ce « patrimoine de l’humanité ».


Vision chrétienne


Mais vous, Chrétiens, ces justes analyses vous suffisent-elles ? Un jour que des pharisiens et des sadducéens s’approchaient de Jésus, « Pour l’éprouver ils l’interrogèrent : qu’Il leur montre un signe du ciel ! Mais il leur répond et leur dit : ‘’ Le soir venu, vous dites : ‘ beau temps, car le ciel est rouge.’ Et le matin : ‘aujourd’hui, tempête : car le ciel rouge s’assombrit.’ La face du ciel, vous savez la discerner, mais les signes des temps, vous ne le pouvez pas ! Âge mauvais et adultère ! Il cherche un signe ! De signe, il ne lui sera pas donné, sinon le signe de Jonas ! (Évangile selon Matthieu 16,1-4).


L’incendie : « le signe de Jonas » ?


Eh bien voilà, l’incendie de lundi « met à l’épreuve » notre foi, et il n’y a pas à douter qu’il est « un signe ». Nous attendons donc des pasteurs les plus haut placés une interprétation de « ce signe ». De grâce, si nous croyons – et c’est la foi que nous a enseignée Jésus – que Dieu intervient dans le déroulement de la vie du monde et des personnes, élevons notre discernement pour appréhender ce signe, le comprendre, et in fine orienter notre vie en fonction du « signe de Jonas » qui nous est donné là, éclatant, en pleine lumière, sans rester rivés à une vision exclusivement humaniste ou affective de l’événement : une perte artistique et culturelle, une mémoire perdue, une coopération universelle pour un renouveau de l’édifice. Là n’est pas le plus profond.


Des interprétations haineuses


Il y a bien sûr des faux prophètes qui voient le signe de la fin des temps ; d’autres qui réalisent que la foi et la vie chrétiennes peuvent disparaître de notre pays ; d’autres encore y discernent un châtiment divin dû à nos iniquités personnelles ou nationales. « Rien de nouveau sous le soleil ! » Il y a longtemps que des forces anti-chrétiennes se liguent pour éradiquer la foi en Jésus, en notre Dieu-Homme, mort-ressuscité, siégeant en Gloire pour nous y prendre avec Lui. Il y en a qui s’en réjouissent et qui le disent ! Et alors ? Déjà, lors des grandes persécutions des quatre premiers siècles, les païens faisaient le jeu du pouvoir des Néron, des Dèce ou des Trajan pour effacer les traces des disciples de Ce Jésus, notre Dieu apparu parmi nous et toujours présent, quoique souvent invisible ! Ils applaudissaient hystériquement à leurs massacres dans les cirques et les amphithéâtres et jouissaient de leurs mise-à mort ! Et que faisaient les ardents chrétiens d’alors ? Se vengeaient-ils de leurs veules persécuteurs ? Réclamaient-ils justice ? Non, à l’école de leur Sauveur ils bénissaient ceux qui les persécutaient et priaient pour eux : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Évangile selon Luc 23,34) et les dernières paroles de saint Étienne lapidé et rendant son dernier souffle étaient : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché. » (Actes des Apôtres 7,60). C’est ainsi qu’à toutes les époques les 3 chrétiens ont supporté quolibets et oppositions, critiques et persécutions et qu’ainsi ils ont appris ce qu’est le Royaume des Cieux, dont souvent nous avons une bien piètre image… Alors, même si l’on entend des paroles déplacées et pas très intelligentes, « Ce sont les p’tits blancs qui pleurent pour des bouts de bois » qu’est-ce que cela peut faire ? C’est un bien que ces personnes se déchargent de leur agressivité, voire de leur haine ; ces sentiments ne viennent pas d’elles, car elles ne savent pas ce qu’elles disent, mais ces sarcasmes sont inspirés par une Intelligence supérieure et maligne. Lorsque « Celui-ci » se manifeste, c’est qu« il est aux abois et qu’ « il » se déchaîne sentant que sa fin est proche.


Attaque satanique


Et justement, puisqu’on parle de « lui », des images qui nous étaient délivrées du sinistre restent en ma mémoire. Je pense tout particulièrement à cette photographie prise semble-t il par un drone, où l’on voit toute la charpente en feu, d’un rouge diabolique. Le journal satirique « Charlie Hebdo » ne s’y est pas trompé, lui : la signature de l’incendiaire apparaissait clairement. Et en même temps, il nous semblait, à la verticale, voir sur l’immense croix formée par la nef et les transepts le Corps rougi du Divin crucifié bouillonnant du sang qu’Il a versé pour nous ! En voyant les vidéos qui montraient la progression fulgurante – et curieuse, j’oserais dire étonnante même, des flammes, la colonne de feu embrasant la flèche qui se couchait sous nos yeux après une résistance héroïque quoique perdue d’avance, et heureusement, presque miraculeusement privée de ses quatre évangélistes et de ses douze Apôtres (dont ThomasViollet-le-Duc), en voyant tout cela donc, ces scènes et d’autres montraient en une sorte d’évidence, qu’une « intelligence supérieure » dirigeait, orientait, étendait, canalisait la sarabande infernale du feu, comme pour narguer avec ses crépitements ressemblants à des grincements de dents, les témoins du drame que d’aucuns ont voulu appeler péjorativement des « badauds » alors qu’ils étaient des « compatissants » sidérés. Mais surtout « Il » semblait braver la sainte Maîtresse des Lieux que les soi-disant « badauds » imploraient publiquement. Quel démenti pour tous ceux qui nous parlent d’abandon total de la foi chrétienne de la part du peuple français ! Tant de fois les saltimbanques médiévaux avaient mimé les « Mystères » divins sur le parvis de Notre-Dame, pour l’édification spirituelle des foules, tant de fois d’autres avaient présenté des simulacres blasphématoires de baptêmes ou d’autres saintes scènes théâtralisées… Mais là, devant nous, lundi soir, « Il » ne se déguisait même plus, croyant désespérément vaincre ainsi son Créateur et la Mère de Celui-ci, Notre Souveraine, Notre-Dame.


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