Admin
Guerre en Ukraine. Le soutien du patriarche de Moscou au Kremlin divise l’Église orthodoxe

Des représentants de l’Église orthodoxe, dépendant du Patriarcat de Moscou, prennent leur distance face à la proximité du patriarche Cyrille avec Vladimir Poutine. Ils appellent à protéger le « peuple ukrainien qui souffre ».
Vladimir Poutine et les armées ont la bénédiction de la hiérarchie orthodoxe russe. « Que le Seigneur préserve la terre russe », a déclaré, dimanche 27 février 2022, Cyrille, le primat de l’Église orthodoxe russe, devant les fidèles réunis en la cathédrale du Christ-Sauveur-de-Moscou, alors que la guerre en Ukraine fait rage. « Une terre dont font partie aujourd’hui la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie », a précisé le patriarche en place depuis 2009, qualifiant de « forces du mal » ceux qui s’en prennent à l’unité historique de la « Rus’». Un État médiéval présenté comme l’ancêtre de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorussie.
Suivez notre direct consacré à l’actualité en Ukraine, ce vendredi 4 mars 2022
Un patriarche proche du Kremlin
Si Cyrille, âgé de 75 ans, était resté discret pendant l’annexion russe de la Crimée, il affiche aujourd’hui un soutien au chef du Kremlin et à sa doctrine encensant la grandeur de la Russie. À la tête de plus de 30 000 paroisses, dont 12 000 en Ukraine et de 100 millions de fidèles, le patriarche de Moscou, en place depuis 2019, n’a pas digéré la fracture ouverte par la reconnaissance de l’Église orthodoxe d’Ukraine indépendante et de ses 7 188 églises par le patriarcat de Constantinople. Proclamée en 2019, cette décision a ouvert un front spirituel en libérant un quart des fidèles ukrainiens de la tutelle russe en place depuis trois siècles. Terrible menace aux yeux de Vladimir Poutine qui avait alors prévenu que ce divorce pouvait se solder par « un grave conflit »… sinon un « carnage ».
« Ne donnons pas aux puissances externes obscures et hostiles l’occasion de se moquer de nous, faisons tout pour préserver la paix entre nos peuples et protéger notre Patrie historique commune de toute action extérieure, capable de détruire cette unité », a insisté Cyrille de Moscou dans son homélie, en appelant à prier pour la paix. Justifiant la répression policière des manifestations d’opposition, bénissant les armes des militaires envoyés sur les fronts ouverts par le Kremlin, le patriarche est un pilier du pouvoir. En 2012, il avait notamment qualifié Vladimir Poutine de « miracle de Dieu ».
Des églises fracturées
La guerre rebat les cartes sur le font de la géopolitique religieuse. La ligne se fracture au sein même des églises affiliées au patriarcat de Moscou. Lundi 28 février, le Saint-synode a exhorté Cyrille à intervenir auprès du pouvoir pour faire « cesser immédiatement les hostilités qui menacent de se transformer en une guerre mondiale ».
À Kiev, dès le 24 février, le primat Onuphre (chef de l’Église orthodoxe ukrainienne russe) avait « défendu la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine » et appelé à faire « cesser immédiatement cette guerre fratricide », comparant l’invasion russe à « la répétition du péché de Caïn ». Ne voyant aucune tentative du patriarche Cyrille « de protéger le peuple ukrainien qui souffre », un groupe de 233 prêtres et diacres de l’Église orthodoxe russe d’Ukraine ont publié une lettre ouverte dans laquelle, « guidés par leur conscience morale », ils annoncent « ne plus commémorer le patriarche de Moscou pendant les offices ». À la demande des fidèles.
Appel aux dons et à l’accueil de réfugiés
La guerre en Ukraine « est un péché grave devant Dieu », a condamné de son côté depuis Paris le métropolite Jean de Doubna (chef des Églises orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale). Exprimant sa solidarité « avec l’ensemble du peuple ukrainien et des églises orthodoxes ukrainiennes », il exhorte les fidèles à « redoubler de ferveur et de prière pour que cesse cette infâme guerre fratricide ». Et les invite à « participer généreusement à l’envoi des dons nécessaires pour les réfugiés » en se « joignant aux associations caritatives locales » et en prévoyant « si possible un accueil temporaire pour les réfugiés ukrainiens », selon les possibilités de chacun.
Lire la suite sur : https://www.ouest-france.fr/societe/religions/guerre-en-ukraine-le-soutien-du-patriarche-de-moscou-au-kremlin-divise-l-eglise-orthodoxe-416e260c-9b1c-11ec-9b84-e19eae6be2d1