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Election de Poutine, les bases morales Orthodoxes contre les valeurs de l'Occident ?

Dernière mise à jour : 21 mars 2018

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OPINION. Alors que Vladimir Poutine s'est vu réélire au terme d'une campagne sans véritable adversaire, nous avons demandé à l'écrivain russe Victor Erofeev d'expliquer comment ses compatriotes envisagent désormais l'avenir. Voici son texte en exclusivité

Les élections présidentielles en Russie se sont achevées sans avoir vraiment commencé. Par mon éducation, je suis philologue, et pour moi les mots signifient quelque chose. Une élection implique un choix. Au lieu d’élections, il y a eu un cirque politique auquel ont pris part en qualité de marionnettes des artistes politiques représentant les différentes variétés de vide de leurs opinions. Le marionnettiste était le Kremlin. Le directeur du cirque a donc fini par gagner.

Il est difficile d’être Russe. Nous vivons en même temps dans deux mondes. Dans le monde de la vie privée et dans celui de la vie publique. Ces mondes tantôt sont imbriqués, tantôt existent parallèlement. Mais souvent ils se gênent l’un l’autre, ils se marchent l’un sur l’autre, ils nous brisent et nous laminent.

Ces vingt dernières années, nos relations avec l’Etat ont changé de manière significative. L’Etat de la perestroïka en Russie, au début du gouvernement Eltsine, promettait de servir ses citoyens. Cela a eu des répercussions dans la Constitution et dans les déclarations fondamentales de la direction. Mais, en fin de compte, en est sorti le chaos. Pas parce que l’idée en elle-même était mauvaise, mais parce qu’ils l’ont gâchée, déformée, par un usage défectueux, par une réticence à l’exécuter. Cette négation politique, qui a construit la guerre en Tchétchénie et déchiré les conquêtes de la perestroïka, ce sont les dénommés siloviki – les chefs de l’armée et des services de renseignement.

Au service de l’Etat

Il y a vingt ans, les Russes regardaient l’Etat comme un être imprévisible. On ne savait pas ce qui allait en sortir, mais on ne pouvait rien en attendre de bon. Nous avons alors plongé dans les difficultés de la vie privée – vivre était douloureusement difficile, et la foi dans le changement peu à peu s’est usée, complètement.

Au commencement du nouveau siècle, sous la direction du tout jeune Poutine, l’Etat a commencé à s’engager comme la principale force du pays. Le résultat a été le surgissement d’un Etat dans l’Etat. En réalité, il n’y avait là rien de particulièrement nouveau: c’est ainsi qu’a agi l’Etat russe au cours de toute son histoire. Il ne sert pas les gens. Les gens le servent. Ce service s’est accompagné d’une peur froide, d’un effroi ou d’une panique. L’Etat a contraint les gens à se soumettre. Il n’y avait pas d’autre issue.

Les années zéro (2000-2010) donnèrent à l’Etat la possibilité de plaire à son peuple. Il y avait beaucoup d’argent pétrolier – quelque chose en retombait chez les gens de service. Il aurait pu en tomber davantage, beaucoup plus, mais il en tombait assez pour qu’ils regardent vers l’Etat avec un certain espoir. Tous ne partageaient pas cet espoir, mais dans l’autre vie, la vie privée, les choses s’ajustaient plus ou moins. Les gens s’ouvraient à de modestes joies de consommation et s’efforçaient de vivre mieux.

La bêtise humaine

L’Etat a alors discrètement proposé aux gens un accord: vivez pour vous, mais ne vous mêlez pas des affaires de l’Etat. Et nous, nous gérons en fonction de nos intérêts! Le pouvoir, année après année, s’est concentré aux mains des siloviki, qui nient les valeurs universelles mais croient en leur serment. La démocratie a été recouverte par la souveraineté de l’Etat.

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