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Biélorussie : des confessions religieuses face aux enjeux géopolitiques

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Le large mouvement de protestation qui agite la Biélorussie depuis plusieurs semaines ne laisse pas indifférentes les religions, même si l’Église orthodoxe (majoritaire) s’efforce de cultiver maintenant une image de neutralité. Dans cet article, Sébastien Gobert se penche sur les attitudes des Églises dans cette crise et leurs choix stratégiques.


“Chers membres du clergé, calmez-vous et mêlez-vous de vos propres affaires. Les églises et les chapelles ne sont pas faites pour la politique”. Le 22 août, le président autoritaire biélorusse Alexandre Loukachenko tançait les représentants de diverses confessions lors d’un déplacement à Grodno, dans l’ouest du pays. Pris lui-même dans la tourmente d’une forte contestation populaire de sa réélection frauduleuse, le 9 août, il en appelait à “ne pas suivre les renégats” qui s’exprimaient dans des manifestations pacifiques. Sans se priver d’émettre une menace à demi-voilée: “L’État ne restera pas indifférent face à vos prises de position”. Dans un système politique où la personnalité d’Alexander Loukachenko s’est confondue avec les institutions d’État depuis son arrivée au pouvoir en 1994, l’avertissement devait être pris au sérieux.


La déclaration trahissait aussi le caractère éminemment politique, voire géopolitique, des principales organisations religieuses en Biélorussie dans le contexte de crise. Si la plupart des prélats, notamment chrétiens orthodoxes, se contentent d’appels au calme et au dialogue dans leurs communications publiques, la sphère religieuse est bel et bien en ébullition. Au-delà des incertitudes actuelles, certains équilibres structurels pourraient être remis en cause.


Une mosaïque religieuse majoritairement chrétienne et complexe


De plusieurs enquêtes d’opinion, il ressort que la Biélorussie est l’un des pays les plus pieux d’Europe: environ un tiers des 9,5 millions d’habitants assure que la religion tient une place importante dans leurs vies. Le pays est majoritairement chrétien, même s’il est difficile d’obtenir des statistiques fiables. Selon le Centre d’Information et d’Analyse, 68% de la population est rattachée à l’Église orthodoxe biélorusse du patriarcat de Moscou, 14% à l’Église catholique romaine et 3% à d’autres groupes religieux comme le judaïsme, l’islam, le gréco-catholicisme (uniates), les vieux-croyants orthodoxes et diverses branches du protestantisme. Sans remettre en cause cette hiérarchie, le rapport sur les libertés religieuses internationales du département d’État américain établit, en 2017, que l’Église orthodoxe rassemble 53% des Biélorusses, et l’Église catholique 6%.

L’Église orthodoxe bénéficie d’un statut spécial dans la loi. En tant “qu’une des institutions sociales les plus importantes”, elle dispose du droit d’influence dans des domaines de compétence de l’État tels que l’éducation, la santé ou encore la prévention de la criminalité. Un statut historique est reconnu à certaines confessions “traditionnelles”, dont le catholicisme, le judaïsme, l’islam et le luthéranisme. L’Église catholique déplore de longue date des actes de “discrimination” vis-à-vis de son clergé et de ses fidèles, sans commune mesure toutefois avec les entraves dont souffrent plusieurs communautés protestantes d’inspiration nord-américaine. Il convient néanmoins de noter qu’en 2015, 31,9% des communautés religieuses [c’est-à-dire chaque groupe religieux local avec son lieu de culte, indépendamment du nombre de fidèles, NDLR] enregistrées en Biélorussie étaient protestantes, contre 49,6% d’orthodoxes et 14,8% de catholiques.


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